Septembre, rentrée professionnelle.
La sédentarité reprend ses droits : chaise, écrans, ordinateur.
Les notifications mitraillent, les journées se saturent à nouveau.
Chaque minute se remplit, trop pleine, trop serrée.
Bienvenue dans l’ère du trop !
Alors je pratique mon antidote : je marche.
Quarante-cinq minutes au minimum, chaque soir, devenues aussi vitales que respirer, peu importent l’agenda et les rendez-vous d’après.
Vous connaissez ce moment, n’est-ce pas ?
Quand les épaules lâchent enfin,
Quand le pas retrouve son tempo naturel,
Quand le regard cesse de chercher et se contente d’accueillir.
Je flâne.
Les pieds bifurquent, m’emmènent ailleurs.
La joie du rien
Je marche sans plan, sans GPS, sans objectif.
Une lumière attire dans une rue dérobée.
Une vitrine oubliée accroche le regard.
Un jardin secret se devine, derrière une grille entrouverte.
Le corps se dénoue, le souffle s’élargit, les tensions s’effacent.
Rien ne se produit, rien ne se mesure, rien ne s’archive.
Une insoumission tranquille face à un monde obsédé par la performance.
Cette liberté-là se suffit à elle-même.
Flâner devient l’acte simple et joyeux de goûter le rien.
Le corps se rappelle
Marcher pour marcher, habiter le mouvement.
Les bras oscillent selon leur propre mélodie,
Les pas traînent ou s’allongent,
La respiration retrouve sa cadence ancestrale.
Le corps se souvient qu’il fut nomade avant d’être pressé.
Il retrouve ses réflexes de marcheur, sa nature première.
L’ennui surgit parfois. Tant mieux.
Il gratte, fouille sous la surface, exhume souvenirs, désirs, pensées oubliées.
Et ce silence intérieur…
Quand on ne va nulle part, le bruit de fond mental s’apaise peu à peu.
La vie change alors de texture ;
Elle s’accorde, enfin, au bon rythme.
Il ya des découvertes qui n'appartiennent qu'aux flâneurs. Elles n’enrichissent aucun CV.
L’espace de l’étonnement
En n’allant nulle part, je redeviens disponible à la surprise.
Quand l’esprit se détend, libéré de sa cible, il s’ouvre à l’inattendu.
Une ombre dessinant un profil sur un mur.
Deux pigeons rejouent leur duel sur un rebord.
Une phrase volée au vent qui fait sourire.
La flânerie creuse en moi un vide fertile,
Et dans ce vide, l’enchantement se glisse,
Il transfigure le quotidien.
Cette faculté d’étonnement, nous l’avions enfant.
La course du monde l’a émoussée.
La marche la ravive.
Invitation
Essayez.
Laissez vos pas improviser.
Suivez l’intuition fragile qui chuchote « par là ».
Offrez-vous ce luxe d’inutile.
Éteignez le téléphone.
Oubliez les notifications.
Et vous ressentirez :
La joie discrète d’avoir traversé le trop de la journée sans vous y engloutir.
Les pas libres régénèrent.
Christine, 10 septembre 2025